La dépression chez l’enfant

Marie-Rose Debot-Sevrin, docteur en psychologie des universités de Paris, a fondé il y a 40 ans à Chaudfontaine (Belgique) un centre de psychothérapie et de réadaptation auquel elle a donné le nom d’un illustre psychologue de l’enfance : Henri Wallon. Dans ce centre travaillent de nombreux soignants : pédopsychiatres, psychologues, ergothérapeutes, kinésithérapeutes et logopèdes (orthophoniste en Belgique et en Suisse). Le centre est d’orientation cognitivo-comportementale et a mené depuis longtemps des recherches méthodiques parallèlement aux traitements. Il a ainsi acquis une solide réputation en matière d’étude et de traitement de l’autisme, sur lequel il a publié un remarquable ouvrage collectif en 2015 ¹. Il s’est occupé d’autres troubles d’enfants et d’adolescents, notamment la dépression, dont il est ici question.

L’ouvrage de M.-R. Debot-Sevrin et deux collaborateurs est précieux à plus d’un titre. On ne parle de la dépression chez l’enfant que depuis un demi-siècle et le sujet reste encore insuffisamment abordé. Les parents, les enseignants et même les médecins reconnaissent trop rarement la dépression d’un enfant. Les parents consultent pour des troubles de l’apprentissage ou des conduites problématiques comme la « paresse », la difficulté de faire plaisir à l’enfant ou des colères qui sont, en fait, une lutte contre la dépression.

On trouve ici un exposé de la conception de Henri Wallon sur le développement de l’enfant, l’essentiel des théories psychologiques sur la dépression, le résultat des recherches originales effectuées au Centre Henri Wallon et quatre présentations détaillées de cas, qui illustrent la prise en compte de plusieurs déterminants des conduites (variables environnementales, affectives, cognitives, comportementales et biologiques), l’intervention coordonnée de plusieurs thérapeutes (pédopsychiatre, psychologue, ergothérapeute, kinésithérapeute et parfois logopède) et l’association des parents et parfois des grands-parents au traitement. On y découvre comment résoudre moult difficultés de terrain.

Les auteurs insistent fortement sur le rôle des émotions dans le développement de l’enfant et particulièrement sur le sentiment de sécurité, ayant constaté que la plupart des enfants déprimés ont vécu, souvent à plusieurs reprises, la détresse de séparation parfois dès les premiers mois de la vie (un facteur fréquent de cette détresse chez les enfants déprimés est la séparation ou le divorce des parents).

L’ouvrage s’adresse aux psychothérapeutes, mais aussi aux médecins, aux parents et aux professeurs des écoles.