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BIAIS COGNITIF EXPRESS

Souvenirs, souvenirs

Publié en ligne le 2 février 2024 - Esprit critique et zététique -

L’association « À seconde vue » vous propose d’expérimenter de manière interactive et ludique la démarche critique : douter, s’informer, décrypter. Une réflexion sur les mécanismes et les biais de raisonnement inhérents à la pensée humaine.

Nous vous suggérons de faire l’expérience ludique et interactive proposée en suivant le QR code ou le lien ci-dessous, avant de lire la suite.

Se rappeler

Quand nous observons une situation ou pensons à quelque chose, une représentation mentale se construit à partir de cette information, mais aussi à partir d’associations sémantiques activées automatiquement. Le processus de mémorisation intègre donc un ensemble de données incluant le contexte dans lequel s’est déroulé l’apprentissage. La mémorisation ne se limitera pas à l’information perçue mais sera généralisée à d’autres items associés sémantiquement. Il s’agit d’un processus actif complexe qui laisse des traces au gré des reconstructions successives.

Par exemple, lorsque nous contemplons un paysage, celui-ci pourra nous évoquer d’autres lieux, d’autres expériences personnelles ou éventuellement une musique particulière. Le souvenir de ce paysage englobera l’ensemble de ces éléments qui pourront alors devenir autant d’indices pour se souvenir du paysage. Un autre exemple des fluctuations de la mémoire est proposé dans l’activité, en utilisant le paradigme Deese-Roediger-McDermott développé en 1959 et popularisé en 1995 [1].

Souvenirs, attention danger !

Allons encore plus loin : chaque fois que nous nous remémorons un événement, nous créons une nouvelle représentation mentale, avec un nouveau filtrage et de nouvelles interprétations. Dit autrement, chaque fois que nous nous souvenons, nous convoquons le passé dans notre présent avec le risque de réinterpréter et recolorer le souvenir avec ce que nous sommes à ce moment-là : notre humeur, nos croyances ou attentes, etc. En se rappelant du paysage mémorisé, on en modifie la trace mnésique en y intégrant de nouveaux éléments.

La mémorisation est un processus de construction lors de l’encodage, mais aussi lors de la remémoration. Ainsi, se souvenir deux fois à l’identique d’une même situation semble quasiment impossible. Nos souvenirs se modifient en permanence, à tel point que notre cerveau peut créer de faux souvenirs. Les faux souvenirs peuvent, dans certains cas, être induits par des indices erronés (témoignages, photos, etc.) lorsqu’une personne cherche à se rappeler des événements passés alors même que ceux-ci n’ont laissé que des traces diffuses dans sa mémoire.

Lorsque nous raisonnons ou échangeons avec d’autres personnes, nous faisons appel à nos souvenirs. La mémoire étant dynamique, la reconstruction à l’instant présent d’un souvenir peut aboutir à des erreurs ou des imperfections. Dès lors, notre réflexion peut en pâtir sans que nous en ayons vraiment conscience. Nos souvenirs peuvent nous tromper !

Référence
1 | « Paradigme DRM », Loterre, CNRS/INIT, 4 décembre 2017, mise à jour du 20 mars 2023.

Publié dans le n° 346 de la revue


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L' auteur

À seconde vue

L’association « À seconde vue » vous propose d’expérimenter de manière interactive et ludique la démarche critique : (…)

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