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La science face à la Bible

Publié en ligne le 8 avril 2011
La science face à la Bible

Roger Vercellino-Aris
Éditions foi et victoire, 2010, 185 pages, 15 €

Comme le souligne l’auteur, militant du protestantisme, dans son introduction, la littérature sur l’existence, ou non, de conflits entre acquis scientifiques et textes sacrés est abondante.

Les six premiers chapitres sont un exposé, forcément sommaire, des principaux domaines des sciences. Tout en égratignant au passage mediums et astrologues, l’auteur insiste chaque fois qu’il le peut sur les limites, les incertitudes, voire les contradictions de la science. Ces critiques sont parfois justifiées, mais en y regardant de près bien des arguments présentés sont biaisés et excessifs.

Le chapitre 7 est une critique de la théorie de l’évolution, faisant large appel aux positions des créationnistes et à celles de l’Intelligent design. Ces critiques sont bien connues, et l’auteur semble surtout craindre que la théorie de l’évolution puisse être un argument pour justifier l’athéisme.

Le chapitre 8, « objectivité et partialité en science » est de tendance nettement relativiste. S’appuyant sur les positions de T. Kuhn, il décrit un monde scientifique accroché à ses acquis, rejetant par corporatisme les idées nouvelles, n’hésitant pas à « arranger » des résultats expérimentaux pour leur faire confirmer les idées en vogue. Cela non plus n’est pas nouveau, mais les exemples donnés sont en fait des anecdotes très discutables et donnant des vues partielles et partiales du fonctionnement de la communauté scientifique. Par exemple l’auteur ressort une controverse oubliée entre Millikan (prix Nobel 1923) et Ehrenhaft sur l’existence de charges électroniques non multiples de celle de l’électron ; il proclame sans preuve qu’Ehrenhaft avait raison contre Millikan, ce qui est faux.

Le chapitre 9 « Science et Bible » s’appuie sur ceux qui précèdent pour aborder le vrai objet du livre, qui est de montrer que les écrits bibliques ne sont pas vraiment contredits par les sciences actuelles. Selon lui celles-ci n’auraient rien de définitif, les théories en vigueur à une certaine époque ayant vocation à être détruites et remplacées par d’autres. En fait, de nos jours, l’évolution de la science se fait par ajustements et adjonctions, et non par révolutions, ce qui diminue fortement la portée de son propos.

L’auteur a déniché des cas où certaines affirmations de la Bible, longtemps données comme non validées par la science, auraient finalement été expliquées. Il cite les plaies d’Égypte, sujet de sa thèse de théologie protestante, que l’on pourrait rattacher à l’éruption catastrophique de Santorin. On aurait aussi critiqué la Genèse pour avoir affirmé que la lumière existait avant le Soleil, ce qui est pourtant compatible avec la cosmologie actuelle. Mais tout cela est-il autre chose que des détails ?

Le livre est parsemé de citations. On peut douter de leur authenticité et de la manière dont elles sont présentées, isolées de leur contexte. On peut en douter quand on voit faire appel à un texte de Jacques Monod pour essayer de dire que celui-ci croyait que la vie portait un « projet », ce qui est bien entendu le contraire de ce qu’il affirmait.

De nombreuses références sont données, mais elles sont hétéroclites, faisant appel plus souvent à des textes destinés au grand public qu’à des travaux véritablement scientifiques.
La conclusion du livre dit, en somme, que la Bible est éternelle et la science changeante. Il suffirait d’attendre assez longtemps pour que les contradictions disparaissent d’elles-mêmes.

Il serait tellement plus simple et moins tortueux de dire que science et religion sont deux domaines disjoints, ce que pensent la grande majorité des scientifiques croyants et la plupart des rationalistes.