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La religion, on n’y échapperait pas ?

Publié en ligne le 29 octobre 2005

Monique Bertaud, neurologue, dénonce dans le numéro 269 de Science et pseudo-sciences le déterminisme biologique prétendument inéluctable de la croyance religieuse, vanté et développé dans Science & Vie du mois d’août 2005. Monique Bertaud nous démontre combien la démarche vers cette affirmation est biaisée.

Elle prend soin d’abord de séparer le phénomène de croyance, en général, d’une croyance spécifique. Et nous rappelle que le premier est parfaitement normal. Puisque le cerveau ne fonctionne pas de façon dualiste, les phénomènes mentaux s’y inscrivent naturellement. « Équipés pour croire », certes, mais pas en un objet particulier dont la nature relève du contexte historique.

Science & Vie met en avant une molécule de la religiosité démasquée, la sérotonine, après une étude sur 15 volontaires, comparant leur taux de récepteurs de sérotonine à leur taux de religiosité. Non sans humour, Monique Bertaud se dit qu’il faudra alors bientôt se poser la même question pour les escargots, dont les neurones, eh oui !, métabolisent la sérotonine, ou bien la peau de banane qui en contient une bonne dose !

Heureusement, c’est bien le système et ses interactions, et non le détail pointilliste du contenu, qui fait fonctionner un tout. Ce que s’empressent d’oublier les auteurs de l’article de S & V, plus empressés aux solutions simplistes du type : une molécule = un effet.

De plus, vous verrez dans cette critique de Science & Vie combien il est facile et dangereux de mettre un raisonnement à l’envers : la sérotonine provoquerait la pensée religieuse ? Et pourquoi pas l’inverse ? Exactement comme pour l’adrénaline, dont la sécrétion suit une émotion intense quelle que soit cette émotion. L’impact d’une émotion sur notre métabolisme n’est tout de même pas un mécanisme inconnu...

La poursuite de la lecture de cette analyse critique de Monique Bertaud, dans Science et pseudo-sciences d’octobre 2005, sous le titre « La pensée pauvre, pauvres de nous ! » vous apportera d’autres arguments scientifiques permettant ainsi une démystification de la fatalité religieuse.