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Un monde fou, fou, fou : octobre 2006

Publié en ligne le 21 juin 2008 - Rationalisme -
par Agnès Lenoire

Hasard exclu !

 Désastre : on ne peut pas lire son horoscope, il y a une grève des journaux qui n’était pas prévue par les astrologues...

L’astrologie a quelque chose de véritablement indécent. Sous la plume d’Élisabeth Teissier, le conflit entre Israël et le Liban n’apparaît que comme une mise en scène du ciel et les êtres humains comme de piètres marionnettes irresponsables. Elle écrit par exemple, dans sa lettre de juillet, sur son site internet : « L’attaque avait toutes les chances de se produire sous une dissonance de Mars (planète synonyme d’agressivité et de guerre). »

La faute à personne en somme…

L’argument éternellement ressassé face aux critiques des rationalistes, c’est pourtant bien la « symbolique » des planètes, symbolique qui permet aux astrologues de dire n’importe quoi sans risque, de se détacher du réel et de baigner tout à loisir dans l’ésotérisme.

Mais alors quelle est cette incohérence qui les fait se mêler du réel le plus concret, le plus cruel pour les populations concernées ? De quoi se mêle Madame Teissier ? Qu’elle patauge avec ses congénères dans la symbolique et qu’elle laisse les hommes de cette Terre juger des causes de leurs conflits !

Madame Teissier avait annoncé la fin du conflit pour début août. Le cessez-le-feu est intervenu le 14 août. Raté ! Elle était en vacances, le début du mois a dû lui échapper… Plusieurs fois dans son texte de juillet, elle claironne à qui veut l’entendre : « Hasard exclu ! ». On se demande où Madame Teissier a bien pu découvrir des conflits qui éclataient « par hasard ». Les êtres humains fabriquent leur avenir par leurs décisions et par leurs actes. Vivement que chacun en soit persuadé et que les astrologues soient enfin ruinés.

Source : site internet d’Élisabeth Teissier


Le sens du miracle

Selon un sondage de l’institut TNSSofrès réalisé les 6 et 7 juillet pour Le Pèlerin (parution dans le numéro de jeudi 10 août), 35 % des 1 000 personnes interrogées croient aux miracles, et 62 % n’y croient pas.

Le pourcentage des croyants peut paraître important. Mais il est intéressant de connaître la répercussion du mot « miracle » dans l’esprit des sondé(e)s : 31 % y voient un « phénomène qu’on ne peut expliquer », 27 % « un événement heureux qu’on n’attendait pas », et seulement 8 % une « intervention de Dieu ».

Ces 8 % permettent de relativiser le fort pourcentage de ceux qui croient aux miracles. On peut estimer que bon nombre de ces 35 % ont compris la question dans un sens plus laïque, plus connoté « chance » et « imprévu ».

Avec le recul de la croyance en Dieu, le mot « miracle » se décléricalise. Ses connotations se diversifient. Alors à quand un sondage posant des questions claires, aux mots bien définis ?


Nébuleux ovnis

Une vague d’ovnis sévissait en Australie. Ou du moins un amateur d’ovnis avait-t-il créé un site 1 pour récolter des vidéos montrant des ovnis. Dix-neuf vidéos ont été mises sur le site jusqu’au 4 août et faisaient courir la rumeur d’une vague rappelant la vague belge de 1998-1999. Presque toutes mettaient en évidence des lumières bizarres ou de curieux aspects dans des nuages. Les deux dernières montraient fugitivement des silhouettes d’extraterrestres. Du premier au dernier film, la crédibilité des images diminuait, pour finalement tomber dans le burlesque avec l’apparition de Roswell.

Les vidéos étaient en fait des montages photos. Deux semaines après la diffusion de ces vidéos, le canular était dévoilé, et l’auteur, Christopher Kenworthy, qui se fait appeler « directeur du projet artistique », s’en explique : « Pourquoi avoir créé ce canular (que le directeur préfère appeler “création artistique immersive”) ? Pour Christopher Kenworthy, il s’agissait de créer un sentiment d’émerveillement face au phénomène ovni, d’améliorer la recherche sur les vraies vidéos d’ovnis, et de “montrer aux sceptiques qu’ils se basent souvent sur leurs croyances plutôt que sur des preuves” ».

La dernière phrase n’en finit pas d’interroger l’esprit. Le point de vue de Monsieur Kenworthy sur le scepticisme est très étrange.

Source : http://www.blogparanormal.com/


Pluton et Xéna : hors système, mais puissantes

Le système solaire a failli s’agrandir et l’événement a laissé les astrologues de marbre. Nous en avions déjà parlé dans le 273, dans un article mettant en lumière les contradictions des astrologues face aux nouvelles « petites planètes » découvertes en lisière de notre système solaire.

Ils se sont empressés de couper court à la polémique : rien ne nouveau sous le Soleil, car les nouvelles venues les ont laissés indifférents. « L’ajout de ces trois planètes […] ne changera rien du tout à ma pratique », affirmait Christine Maas (astrologue sur RTL, pour Télé7 jours et version Femina).

Rappelons les faits. L’Union Internationale d’Astronomie avait proposé, mi-août, à la communauté des astronomes, une nouvelle définition pour le mot « planète », laquelle s’assortissait d’une entrée formalisée de trois corps dans la grande ronde solaire, jusque-là appelés « satellite » (Charon), « astéroïde » (Cérès), ou « transneptunien » (Xéna). Mais le jeudi 24 août, la communauté scientifique refusait ces ajouts. Pluton n’a jamais rassemblé les critères d’une planète. Orbite trop elliptique, plan d’orbite trop incliné : la trajectoire de Pluton ressemble plus à celle d’un astéroïde. Exit donc, la planète atypique ! Les planètes sont officiellement à présent au nombre de huit. Devenue « planète naine », rejoignant les objets sans doute issus de la ceinture de Kuiper, aux côtés de Xéna et parmi d’innombrables cailloux encore à découvrir, Pluton intéressera-t-elle encore l’astrologie, elle qui lui avait donné de si profonds pouvoirs (archaïsmes, sexualité, pulsions dévastatrices) ? Les astrologues se retranchent derrière l’imparable argument d’immobilité revendiquée : l’ancienneté de leur discipline. Christine Maas dit que c’est « une méthode très ancienne basée sur des observations répétées depuis des milliers d’années, qui repose sur une loi d’analogie et de correspondance. »

Ce qui laisse entendre qu’une remise en cause est exclue.

Sylvain Pech, astrologue à Montpellier, admet pourtant que Xéna, au-delà de Pluton, « ouvre une porte ». En effet Pluton était considérée comme la planète des archaïsmes humains, ceux qui marquent la psychè la plus profonde. Xéna étant encore plus lointaine que Pluton, la psyché risque de devenir encore plus insondable ! Et quelle profondeur atteindra-t-elle si d’autres objets sont découverts, au cœur de la ceinture de Kuiper ?

Car n’oublions pas que si le consensus semble être si difficile sur une définition pour les planètes, il l’est tout autant pour les frontières du système solaire, encore très floues… Jusqu’où ira l’astrologie ?

Sources : Le Monde du mercredi 16 août 2006
Libération du samedi 26 août 2006
MSN actualités, insolite.


Le petit cousin du Loch Ness

Le fameux Nessie écossais aurait un équivalent dans un lac de Norvège, d’après le cryptozoologue Jan-Ove Sundberg et son équipe Global Underwater Search Team. Dans le lac de Seljord Nordway’s, ils auraient détecté grâce à leurs écho-sonars ce qu’ils interprètent comme deux gigantesques serpents de mer, mesurant de 4 à 5 m de longueur chacun. Le bruit qu’ils ont fait dans l’hydrophone l’a fait vibrer.

La bête présumée a été baptisée Selma et l’équipe espère la photographier bientôt.

Source : site internet mondeinconnu.com


L’ambition de Monsieur Boiron

Les laboratoires Boiron se sentiraient-ils frustrés de grandes reconnaissances scientifiques, étriqués dans leur rôle de simple soulagement ?

Le fait est que les petits maux quotidiens ne leur suffisent plus, puisque sur son site web, Boiron affiche clairement ses projets de développement. On peut en effet y lire :

« Le temps est venu pour nous d’investiguer les possibilités de l’homéopathie dans les maladies graves comme le cancer, les maladies cardio-vasculaires, le sida, le paludisme, voire la grippe aviaire, en favorisant son développement à l’hôpital, en la mesurant à d’autres solutions, en testant ses possibilités dans toutes les pathologies que la médecine allopathique n’arrive pas encore à guérir. Peut être que la pharmacologie spécifique de l’homéopathie et son approche particulière du malade permettront d’aboutir là où l’allopathie est aujourd’hui limitée. Nous n’avons pas le droit de faire du dogmatisme ni du sectarisme. La vie de millions de malades dépend peut-être de ces nouvelles recherches. »

Nous avions déjà vivement critiqué, par un communiqué sur notre site web (9 août 2004), les prétentions de l’association « Homéopathes sans frontières », qui prétend soigner les grands fléaux du monde à l’aide du principe de similitude et des hautes dilutions.

La vie de millions de malades ne dépend absolument pas des recherches en homéopathie, elle dépend de la volonté de faire reculer la misère, de l’accès à l’eau potable et aux soins médicaux pour tous, de l’apport d’antibiotiques, de vaccins…

Le temps est venu pour nous de dénoncer avec vigueur l’ambition démesurée et dangereuse des laboratoires Boiron.

Source : http://www.boiron.fr/htm/Public/actu_espoir.htm (disponible sur archive.org—17 mars 2020)


Confédération helvétique et médecines alternatives

Il y a un an en Suisse, l’Office fédéral de santé publique (OFSP) a décidé, sur proposition du conseiller fédéral Pascal Couchepin, de retirer du catalogue des prestations de l’assurance de base cinq médecines dites « douces » : l’homéopathie, la phytothérapie, la thérapie neurale 2, la médecine anthroposophique 3 et la médecine chinoise.

L’exercice libre des professions de la médecine complémentaire est assuré, mais le coût en revient désormais au patient, sauf s’il souscrit une assurance complémentaire.

La décision a provoqué des réactions immédiates. À la suite de cette annonce, un collectif de défense des médecines alternatives, appelé « Oui aux médecines complémentaires », s’est constitué. Le collectif a lancé une pétition qui a recueilli 138 978 signatures. Elle s’accompagne d’un texte de revendications exigeantes : retour des cinq médecines bannies dans le catalogue de l’assurance de base, libre choix de la thérapie par le patient, libre exercice pour les thérapeutes non médecins, prise en compte complète des médecines complémentaires par la Confédération et les cantons dans la formation et le perfectionnement professionnel, dans l’enseignement et la recherche, dans le domaine des produits thérapeutiques et dans celui des assurances sociales.

Le conseiller fédéral répond à cela qu’il ne peut pas traiter sur un même plan la médecine scientifique et la médecine complémentaire, sinon en renonçant aux critères d’efficacité, d’adéquation et d’économicité (EAE) requis. Un tel renoncement serait une injustice, puisqu’elle créerait des privilèges pour les médecines « douces », qui n’y répondent pas. Or « il faut être rationnel dans le choix des méthodes prises en charge par l’assurance de base  », affirme Pascal Couchepin.

Le texte et sa pétition « Oui aux médecines complémentaires » sont entre les mains du Parlement. La pétition dépasse les 100 000 signatures exigées pour la mise en place d’un référendum populaire. Au 30 août, le Conseil fédéral restait ferme et demandait au Parlement de rejeter les propositions de ce texte.

Sources : La Tribune de Genève

1 AustralianUFOWave.com

2 La thérapie neurale appartient au groupe des médecines de régulation : elle n’a pas de vertu curative en elle-même, mais utilise les capacités de régulation et de régénération de l’organisme en apportant l’impulsion nécessaire à la mise en route ou au rétablissement des processus d’autoguérison. Dans les années 1980, la thérapie neurale s’est rapidement développée en Suisse alémanique, puis, depuis les années 1990, commence à atteindre la Suisse romande et italienne. Actuellement, une dizaine de médecins pratiquent la thérapie neurale selon Huneke, à temps plein ou partiel, en Suisse romande, dans les cantons de Genève, Vaud et du Valais, ainsi qu’au Tessin. (Extrait de www.therapie-neurale.net)

3 L’anthroposophie se fonde sur un dépassement des limites de la vision matérialiste de la nature et du monde reposant sur l’aspect physique, en introduisant les niveaux suprasensibles de l’existence : processus vitaux, âme et esprit. (Extrait de Wikipédia)