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OGM, la question politique

Publié en ligne le 18 mars 2014
OGM, la question politique

Marcel Kuntz
Édition PUG, Collection Rien d’impossible, 2014, 144 pages, 17 €

Le livre publié par Marcel Kuntz n’est pas qu’un ouvrage de plus sur les OGM. L’auteur y aborde en effet le sujet par son côté politique, ce qui n’a pas été fait auparavant avec autant de détails et de faits. Les chercheurs sont en effet peu enclins à s’engager dans les domaines politiques touchant la science et ses applications. L’auteur montre que les décisions prises sur les OGM en France ne relèvent désormais plus de la science. Les controverses sur les OGM ne sont plus, dès lors, que des rapports de force entre des groupes politiques qui s’affrontent en mettant en œuvre tous les rouages juridiques disponibles. L’auteur montre que cette situation, qui n’est pas propre aux OGM et plus largement aux biotechnologies végétales, place la France dans une position de perdant vis-à-vis du reste du monde.

Tout au long du livre, l’auteur analyse les mécanismes qui visent à bloquer certains secteurs de l’activité économique du pays en répandant le doute, la peur et le relativisme de la méthode scientifique. Il montre à quel point les arguments des opposants aux OGM n’ont pas pour objet une amélioration de la sécurité environnementale et alimentaire mais visent seulement à bloquer l’innovation dans ce domaine au détriment des agriculteurs et à plus long terme des consommateurs. Le cas des arrachages d’OGM est traité en détail montrant la contradiction entre la demande d’études sur les OGM et le sabotage systématique des outils nécessaires pour y parvenir. L’auteur note que les opposants, faute d’arguments nouveaux et d’OGM à arracher, s’en prennent maintenant à ce qu’ils appellent les OGM cachés qui ne sont que des variétés obtenues classiquement par mutagénèse et ne sont donc, par définition réglementaire, pas des OGM. Il remarque également que pour les mêmes raisons les opposants s’emploient à discréditer par tous les moyens les agences chargées de la biosécurité des OGM. 

Dans le livre, l’attitude des élus n’a pas la faveur de l’auteur qui constate leur incompétence en matière scientifique, leur absence de vision à long terme et leur manque de fermeté en face de situations qu’il considère comme des atteintes à la démocratie. L’auteur fait le constat que la situation n’a pas changé avec l’arrivée d’une nouvelle majorité. Il distingue trois phases dans l’histoire des OGM en France : la période « enthousiaste » qui a pris fin brutalement au milieu des années 1990, la période « précautionniste » qui a vu les crédits de recherche ne plus concerner que l’évaluation des risques, et la période « cynique » qui a commencé avec le Grenelle en 2007 et qui fait une exploitation essentiellement politicienne du débat sur les OGM.

Les médias ne sont pas mieux traités. Leur recherche du sensationnalisme est bien connue et non spécifique des OGM. Leur partialité depuis quinze ans est considérée par l’auteur comme coupable.

Le livre est peu réjouissant, parfois accablant et pour tout dire pessimiste. L’auteur invite même les jeunes chercheurs à s’expatrier pour pouvoir vivre la carrière scientifique à laquelle ils rêvent. L’auteur a soigneusement évité de tomber dans la polémique considérant que les faits parlent d’eux-mêmes. La lecture du livre est un peu éprouvante mais il faut le lire, pour être plus éclairé et pouvoir mieux préparer notre avenir.


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