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Darwin et les sciences de l’évolution pour les nuls

Publié en ligne le 10 juillet 2019
Darwin et les sciences de l’évolution pour les nuls

Luc Perino
First, 2018, Coll. Pour les nuls, 352 pages, 22,95 €

À travers un ouvrage didactique, Luc Perino nous fait découvrir l’histoire des sciences de l’évolution. Passant en revue les diverses étapes qui ont abouti à l’élaboration de la théorie de l’évolution et certaines des controverses fameuses qui ont émaillé son histoire, l’auteur nous fait découvrir les principaux acteurs de l’avènement de ce qui est devenu, grâce à Darwin, une science.
La présentation volontairement scolaire du livre, qui respecte les standards habituels de cette collection (icônes en marge censées attirer l’attention), pourra gêner le lecteur habitué à la lecture d’ouvrages à la présentation plus classique. On pourra également regretter des erreurs dans l’index et l’absence totale de références précises.
Après une première partie détaillée, où nous découvrons l’histoire des sciences de l’évolution au travers des grands noms que furent entre autres Buffon, Cuvier, Agassiz, Lyell [Charles Lyell, éminent géologue du XIXe, a permis à Darwin de conforter son idée de lente évolution en révélant la puissance transformatrice du temps aux échelles géologiques.], l’auteur enchaîne sur une deuxième partie consacrée aux sciences de l’évolution dans le sillage de Darwin où l’on découvre en particulier ce qu’est l’écologie comportementale.
Luc Perino est ensuite moins convaincant lorsqu’il attaque le domaine des sciences de l’évolution aujourd’hui. Par exemple, lorsqu’il expose deux stratégies de combat différentes, colombe ou faucon [« la stratégie faucon consistant à se battre jusqu’à la blessure d’un des deux belligérants et la stratégie colombe consistant à cesser le combat dès que le risque devient trop élevé » (p. 239).], et cherche à évaluer la qualité de chacune de ces stratégies d’un point de vue mathématique (en termes d’espérance de gain en matière de survie). Il part alors d’hypothèses chiffrées sans en donner la moindre justification et, à partir de calculs, il explique qu’aucune de ces stratégies n’est évolutivement stable. On aurait aimé avoir la source de ces hypothèses numériques qui permettent ce raisonnement. De même, quand il aborde la sociobiologie, on a beaucoup de mal à le suivre car il donne le sentiment de vouloir appliquer les sciences de l’évolution dans tous les domaines (comportement, culture…), avec des phrases parfois difficiles à comprendre [« Le cholestérol est un objet culturel qui se propage par sa simplicité, sa résonance avec la mort et le biais de conformité entretenu par les médias et le marché » (p. 291).]. Ceci semble bien audacieux, même si la nouveauté de ces sciences les rend plus difficiles à accepter.
Néanmoins, le non-spécialiste pourra malgré tout retenir de cet ouvrage une présentation synthétique d’une science encore en plein essor et très controversée dans ses ultimes développements.