Par Toutatis ! Le ciel va-t-il nous tomber sur la tête ?

Voici un petit livre compact et percutant écrit par Jean-Louis Heudier, astronome à l’observatoire de Nice pendant une quarantaine d’années et spécialiste de la détection des petits corps du système solaire.

L’ouvrage est structuré en quatre parties. La première, « Les pierres du ciel », aborde le sujet d’un point de vue historique. Les récits antiques ou médiévaux associaient souvent les météorites à des prodiges, mais sait-on que ces affirmations déclenchaient parfois déjà le scepticisme chez les savants, comme ces présages reliés à la pluie de pierres survenue à la naissance de Charles le Chauve, en 823 ? Jusqu’au XVIII^e siècle, l’idée qu’une météorite puisse provenir du ciel était considérée comme absurde. Après des débats intenses ¹, au début du XIX^e siècle, l’origine extraterrestre sera majoritairement adoptée. Les controverses sur la provenance exacte de ces corps, milieu interstellaire ou interplanétaire, se poursuivront jusqu’au milieu du XX^e siècle, avant que les astéroïdes ne soient considérés comme l’origine principale des météorites.

La deuxième partie, plus brève, dépeint les météores, ces phénomènes lumineux engendrés par les météorites, lors de leur traversée de l’atmosphère. Ces traînées de gaz chauffé, les « étoiles filantes », pouvant être aussi des restes de comètes, l’auteur détaille quelques-unes de ces apparitions les plus remarquables, photos à l’appui.

La troisième partie est consacrée aux astéroïdes et occupe l’essentiel de l’ouvrage. Elle traite de façon approfondie de mécanique céleste, mais aussi du classement des petits corps du système solaire (planètes naines, astéroïdes, comètes), de nomenclature (les noms doivent avoir au maximum seize caractères, être prononçables et… inoffensifs !) ou de méthodes de détection. Ce chapitre technique est plus ardu et très pointu, avec de nombreux tableaux synthétiques. Il s’achève sur quelques clichés de ces mondes arides et désolés, aux formes variées, souvent acérées et hostiles.

La dernière partie, plus accessible, traite des collisions, fréquentes, car le système solaire est agité. Certaines sont particulièrement spectaculaires et là aussi, l’auteur en présente quelques-unes emblématiques, comme la chute dans le désert de Nubie d’un astéroïde de la taille d’une voiture. Pourtant, à l’échelle humaine, les collisions catastrophiques sont rares (un objet de 100 mètres heurte la Terre tous les 5 000 ans, un objet de dix kilomètres de diamètre tous les cent millions d’années).

L’étude de ces impacts permet de mieux comprendre la formation de notre système solaire. Certaines météorites, comme les chondrites carbonées, ont d’ailleurs intégré des fragments de la nébuleuse pré-solaire. Le style de l’auteur est concis et affuté et si l’ouvrage ² est parfois un peu austère, il est aussi dense et complet pour ce petit format. Il constitue une documentation de qualité sur un sujet toujours propre à alimenter de nombreuses peurs amplifiées par certains médias.

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