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L’avion pour les trouillards

Publié en ligne le 20 février 2015
L’avion pour les trouillards

Petit guide des sciences en vol

Brian Clegg

EDP Sciences, 2013, 214 pages, 16 €

Voici un petit livre bien agréable à lire et fort instructif. En suivant les différentes étapes d’un voyage en avion, l’auteur (qui dirige le site Web anglais Popular Science) nous conte la science qui se cache derrière le cockpit, dans la cabine, mais aussi au-delà du hublot, derrière les nuages. « Vous aurez peu de chances d’observer autant de science en action que depuis le siège de votre avion » nous rappelle l’auteur.

Cela part de l’attente à l’aéroport où l’on suit le parcours de nos bagages, du passage des portiques à la gestion du poids dans les soutes, en passant par les chiens renifleurs traquant la drogue ou les explosifs. Occasion de présenter des notions de physique de base, comme par exemple la radioactivité, son usage pour vérifier le contenu de nos valises, la découverte des dangers des radiations, le tout illustré d’anecdotes, telle que l’utilisation, avant les années 1960, de machines à rayons X dans les magasins de chaussures permettant de s’assurer du confort de nos orteils.

Nous passons ainsi de la salle d’embarquement au décollage, avec l’explication d’un phénomène à la fois bien banal à observer, mais très surprenant : le fait que l’on sache faire voler des appareils de plusieurs centaines de tonnes. L’observation du monde vu d’en haut, à travers le hublot, est prétexte à de riches explications sur la physique de l’atmosphère (pourquoi les nuages ne tombent-ils pas, pourquoi trouve-t-on de la vapeur d’eau à moins de 100 degrés ?), sur les paysages que l’on peut observer (la forme des rivières, les méandres, les bras morts), sur le climat et la météo. La vie en cabine est ensuite décrite, sur le plan de notre santé (le sang, le décalage horaire, etc.), mais aussi comme prétexte à s’interroger sur la vitesse (pourquoi les paysages au loin semblent se déplacer lentement ?), sur la relativité (avec Galilée et Einstein, et la question de la mesure de la vitesse d’un avion).

Puis, retour sur Terre, avec cet espoir de l’auteur : « Le voyage touche à la fin. Avec un peu de chance, ce livre vous l’aura rendu plus court et intéressant. Il est facile de qualifier la science de « trucs pour intellos », mais elle devrait être excitante pour une meilleure compréhension de l’Univers ».

Nous avons particulièrement apprécié l’ouvrage. Tout d’abord, il fait œuvre de pédagogie sur des sujets très variés, alliant le fond scientifique et l’anecdote. Mais aussi, parce que l’auteur sait faire en sorte d’éveiller notre esprit critique : sur le rôle de la technologie dans le développement humain (le chien n’est pas un « animal naturel », il est, tout comme l’OGM ou une table, le produit de l’activité et la technologie humaine), sur les peurs infondées (nous prenons cinquante fois plus de radiation en une heure de vol qu’au passage du portique à l’aéroport), sur les superstitions (dans certains aéroports aucune porte d’embarquement ne porte le n° 13), sur les rumeurs (la consommation de carottes qui améliorerait la vue des pilotes la nuit, les prétendus mystères des crop-circles ou des géoglyphes de Nazca au Pérou).

Nous partageons pleinement la conclusion de l’auteur : « Avec la science comme guide, votre quotidien ne vous apparaîtra plus jamais si ordinaire... ». Le titre du livre s’explique peut-être ainsi : pour vaincre nos peurs, le mieux est de chercher à comprendre.

Publié dans le n° 311 de la revue


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Auteur de la note

Jean-Paul Krivine

Rédacteur en chef de la revue Science et pseudo-sciences

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