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Climat : et si la terre s’en sortait toute seule ?

Publié en ligne le 9 novembre 2008
Climat : et si la terre s’en sortait toute seule ?

Laurent Cabrol
Le Cherche-midi, collection Actu, 2008, 10 €

Ce petit livre de Laurent Cabrol est un coup de gueule que l’on me permettra de trouver sympathique : « Oui la terre se réchauffe » mais « il est malhonnête de culpabiliser les habitants de notre pays ».

Pour ce journaliste spécialiste de la météo depuis vingt cinq ans, il est en effet évident que la température terrestre s’accroît ; « il n’est pas besoin d’être un spécialiste pour constater le recul des glaciers, l’élévation du niveau de l’eau et de sa température, la diminution des périodes de gel, la modification des dates de floraison, de vendanges ou de récoltes fruitières » (p. 24). Mais pourquoi ce réchauffement ? Quelles peuvent en être les conséquences ? Que faut-il faire ?

Laurent Cabrol se préoccupe d’abord de l’état des lieux et balaie l’ensemble des acteurs du climat, pour apporter les réponses là où on les connaît et pointer les incertitudes ou interrogations là où elles subsistent : l’océan, le cycle de l’eau, le rôle invisible des aérosols (les particules en suspension dans l’atmosphère), les nuages, les pôles (sentinelles du réchauffement), les forêts (les plus grands pièges à CO2), et bien sûr notre centrale nucléaire préférée (surtout en ces temps de vacances estivales) : le Soleil…

L’astre du jour est d’ailleurs un sujet d’étonnement si ce n’est d’agacement pour notre auteur qui regrette que la contribution du Soleil, notre unique source de chaleur, soit si peu étudiée ou évoquée : Quid de l’effet des fluctuations des tâches solaires ? Quid des effets de la rotation de la terre (autour du Soleil, sur son axe) sur le climat ? 1 [1] « J’ai pu constater que le lien entre climat et soleil restait un sujet tabou. (…) Il a été décidé que le Soleil n’avait aucune influence sur le réchauffement et on va s’en tenir là. (…) Avouez que cette pensée unique a de quoi irriter… » (p. 86)

Ainsi, si tout le monde ou presque s’accorde sur la réalité d’un réchauffement climatique, il n’en va plus de même dès lors qu’il convient de se prononcer sur la part qui peut être imputée aux fluctuations climatiques naturelles et celle qui pourrait être imputable à l’activité humaine. Evoquant comment le météorologiste peut continuer d’entretenir un doute légitime, Laurent Cabrol conclue d’un tonitruant « on se moque de nous ! » : sur l’ensemble des médias le seul message accepté est « la planète ne s’est jamais autant réchauffée et c’est l’homme qui en porte presque l’entière responsabilité », et « ceux qui par malheur osent émettre quelques réserves se voient gratifiés de suppôts du lobby pétrolier » ; il faut reconnaître que la réponse de Laurent Cabrol ne manque pas de panache : « Je me suis toujours demandé à qui pouvait ressembler un lobby pétrolier qui frapperait à ma porte pour me dire « Tiens, Cabrol ; voilà de l’argent pour financer ton livre ! » A moins qu’il ne m’offre à vie le plein pour mon scooter… » (p. 114)

Je ne dévoilerai pas tout le livre et vous laisse découvrir ses conclusions personnelles ; elles auraient parfaitement leur place au sein de notre association ou d’un collectif comme « Sauvons le climat », que ce soit à propos du nucléaire, à propos des éoliennes ou du biocarburant, à propos des biotechnologies végétales, à propos du discours moralisateur et culpabilisant des fondamentalistes de l’écologie politique, ou de l’agressivité et du caractère anxiogène de ces mêmes discours. Le parti pris revendiqué de Laurent Cabrol a été celui de « la vulgarisation sans renoncer à la rigueur ». Son pari est réussi. Son livre se lit (et se relit) vite : idéal pour une lecture estivale facile et néanmoins stimulante pour conserver toujours allumée la flamme de son esprit critique.

Le consensus scientifique établit clairement qu’un réchauffement climatique est observé et désigne la responsabilité des activités humaines. Les rapports entre science, expertise et décision à propos du climat ont été développés dans un texte adopté par le conseil d’administration de l’Afis en 2013.
L’Afis précise un point important : la science ne dicte pas ce que la société doit faire. Cette question a été plus largement développée dans un dossier publié en juillet 2016.

1 Celles et ceux qui seront à Nantes le mardi 2 décembre 2008 pourront bénéficier à 20h30 d’une conférence suivie d’un débat au Muséum d’Histoire Naturelle (rue Voltaire) sur ce thème « les effets de la rotation de la terre sur le climat ». Le conférencier sera le professeur Maxence REVAULT d’ALLONNES, ancien directeur du Laboratoire d’Océanographie Physique du Muséum National d’Histoire Naturelle, ancien Directeur de la Recherche et de l’Enseignement au Muséum. Cette conférence prend place dans le cadre du cycle « les mardis du Muséum » 2008-2009 coorganisé par le Muséum d’Histoire Naturelle de Nantes, le CNAM et l’AFIS. Entrée libre.