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Lettres

Publié en ligne le 23 août 2011
Lettres

Marie Curie et ses filles
Pygmalion, 2011, 416 pages, 19,90 €

Des extraits de la correspondance entre Marie Curie-Sklodowska (1867-1934) et ses filles Irène Joliot-Curie (1897-1956) et Ève Labouisse-Curie (1904-2007) sont publiés par Hélène Langevin-Joliot, fille d’Irène Joliot-Curie, directrice de recherches émérite au CNRS, présidente de l’Union rationaliste, membre de notre comité de parrainage scientifique, et Monique Baudry, ancienne directrice du musée Curie.

Il existe de nombreuses biographies de Marie Curie et de membres de sa famille dont plusieurs se sont illustrés dans le domaine scientifique. L’intérêt principal de ces lettres est de nous montrer des personnes dans leur réalité humaine, quotidienne, dans une banalité apparente qui pourrait occulter, si ce n’était connu de tous, l’œuvre scientifique de Marie et d’Irène (physique nucléaire, radiochimie), et les talents multiples d’Ève (musicienne, journaliste, écrivain, diplomate).

La plupart de ces lettres furent écrites pendant des vacances ou à l’occasion de voyages, ce qui masque un peu les activités principales des intéressées. Certains épisodes de la vie de Marie Curie sont peu évoqués, par exemple son action pendant la guerre pour développer la radioscopie, ou son premier voyage, très médiatisé, en 1921 aux États-Unis pour obtenir des aides financières pour son laboratoire. Son voyage de 1925 au Brésil et son deuxième voyage aux USA en 1929 sont, par contre, très présents.

Les allusions à l’actualité, aux questions politiques, sont rares et révèlent peu d’engagement. Aucune référence religieuse n’est présente, ce qui confirme que l’imprégnation catholique de l’enfance polonaise n’a pas laissé de trace. L’attachement de Marie Curie à la Pologne et à sa famille polonaise est très fort et souvent évoqué.

Les échanges avec Irène, lorsque celle-ci entreprit la carrière scientifique que l’on connaît, contiennent parfois de brèves discussions, très techniques, à propos de travaux en cours.

Une courte biographie des trois femmes est donnée en fin de volume, et permet de combler les inévitables manques que l’on peut ressentir à la lecture des lettres. Un index des personnes citées, avec une brève note indiquant leur rôle, est donnée ; mais malheureusement il n’y a pas de référence à la page du texte où ces personnes sont citées.

On a là une émouvante évocation de la vie très ordinaire d’une famille qui ne l’était guère. Sa lecture complète et éclaire la lecture des biographies qui ont été consacrées à Marie Curie.