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Histoire des sciences

Publié en ligne le 30 septembre 2018
Histoire des sciences

Yves Gingras
PUF, Coll. Que sais-je ? (n° 3495), 2018, 128 pages, 9 €


En recevant cet ouvrage, j’ai cherché une indication rappelant que la collection avait déjà publié, en septembre 1999, un ouvrage sous le même titre (plus précisément L’Histoire des sciences), dont je connaissais bien l’auteur, Pascal Acot, un ami, qui avait eu le même directeur de thèse que moi. Aucune allusion à cette édition antérieure n’étant donnée, je m’en étonnais quand il fut évident au simple examen des deux ouvrages qu’ils n’avaient d’autre rapport que ce titre commun. Titre au reste mal venu puisque les perspectives étaient totalement différentes. Celui d’Acot était essentiellement méthodologique. L’auteur évoquait l’internalisme et l’externalisme, le rôle de l’idéologie, les rapports avec l’idéologie et la politique, etc. La bibliographie reposait principalement sur Bachelard et Canguilhem (ainsi que sur Pierre Thuillier, journaliste-enseignant très indépendant, ami de Pascal Acot qui lui rendait hommage en tête du livre). Le présent ouvrage est résolument historique : la méthode n’est évoquée que dans un bref aperçu, précédé d’une introduction que l’auteur entame en énonçant que « l’histoire s’écrit toujours au présent, et [que] l’histoire des sciences ne fait pas exception », précisant que ses « cadres d’analyse se sont succédé de l’histoire intellectuelle à l’histoire culturelle en passant par l’histoire sociale » (p. 3). À ces considérations sociologiques, on a envie d’ajouter que si le passé est nécessairement vu du présent, il n’en a pas moins toute la valeur d’un autre présent, celui du moment de sa découverte, excluant de ce fait la recherche des précurseurs, une des thèses de l’école bachelardienne, telle qu’elle apparaissait dans le précédent ouvrage. Sans énoncer cet interdit, l’auteur se garde de cette sorte de manie de certains scientifiques et de leurs historiens ; et sa narration suit l’ordre historique des découvertes de la science en montrant ostensiblement la nouveauté de chaque nouvelle orientation de la recherche.

Yves Gingras enseigne à l’université du Québec à Montréal. On lui doit précédemment un livre sur L’impossible dialogue sciences et religions, en 2016 et un « Que sais-je ? » sur la Sociologie des sciences (n° 3950). Son nouvel ouvrage traite successivement, chapitres 2 à 4, des sciences anciennes (500 avant J.C.-1600 après J.C.), du renouvellement des sciences (1500-1800), et de la multiplication et convergence des disciplines (1800-2000).

Le chapitre 2 va de la naissance de l’écriture et du calcul à la naissance des universités en passant par l’astronomie et l’astrologie, la théorie des quatre éléments et des quatre humeurs, puis la synthèse d’Aristote et l’apport du monde arabo-musulman. Le suivant nous mène de Copernic à la naissance des académies : des Lincei à l’Académie des sciences de Paris en passant par les œuvres de Galilée et Descartes, ainsi que l’histoire naturelle et la classification de Linné. Enfin le dernier chapitre étudie successivement les travaux en électricité et magnétisme, de Coulomb à Maxwell, par Oersted et Ampère, puis ceux de géologie et de physique du globe, par Hutton et Lyell et jusqu’à Wegener, de biologie par la théorie cellulaire et la génétique, ainsi que Darwin et l’origine des espèces pour arriver à la collectivisation des sciences en passant par la physique moderne, des atomes à la naissance de la physique quantique et à l’espace-temps d’Einstein.

Avec une foule de détails que je ne peux donner, mais qui tous sont présentés de façon claire, accessible à tout public. Comme l’exige évidemment le cahier des charges de la collection. Un bon travail.