Médecines alternatives et complémentaires

Que ce soit en tête de gondole ou dans les rayons « Bien-être et santé » des librairies, vous ne pouvez pas échapper à la prolifération des livres vantant les mérites et vertus de telle ou telle pratique dite de « médecine douce », couramment appelée « médecine alternative et complémentaire » (MAC). Ce succès illustre la croissance de l’adhésion des Français aux pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique ¹. Alors, que penser de l’acupuncture, du magnétisme, de l’ostéopathie, de la sophrologie, de la méditation, de l’EMDR ², etc. ?

Comment distinguer le bon « soin » de l’ivraie dans ces 400 pratiques alternatives répertoriées par l’Organisation mondiale de la santé ? C’est à cette tâche que se sont attelés les auteurs de ce livre, connus pour leurs compétences de journalistes scientifiques, que ce soit dans la chronique « Avec sciences » de l’émission CQFD de France Culture pour Alexandra Delbot, ou dans la rubrique « Checknews » de Libération pour Florian Gouthière ³ qui avait déjà abordé le mélange des genres entre science et pseudo-sciences en santé dans son ouvrage Santé, science, doit-on tout gober ?

Si les auteurs proposent 26 fiches pratiques qui évaluent la validité de ces MAC et présentent un bilan des études réalisées, ces bilans manquent malheureusement souvent de données chiffrées. Ces fiches se répartissent en six thématiques que sont les « thérapies soi-disant naturelles » (phytothérapie, homéopathie…), les régimes (crudivorisme, détox…), les thérapies traditionnelles (acupuncture, ventouses…), les thérapies manuelles (ostéopathie, réflexologie…), les « thérapies à prétention énergétiques » (magnétiseurs, médecine quantique…) et enfin les thérapies par l’esprit (EMDR, sophrologie…).

Chaque fiche propose le même cheminement critique se terminant par l’avis général des auteurs avec une réponse méthodique aux questions suivantes : « D’où ça vient ? », « Sur quoi s’appuie la pratique ? », « Comment ça se pratique ? », « Qui pratique ? », « Que disent les études ? », « Quels risques ? », « Alors est-ce que ça marche ? »

Si cette approche peut sembler répétitive, elle a le mérite de rendre la lecture très accessible aux lecteurs pour qu’ils se fassent une idée éclairée de la validité, de l’efficacité et des éventuels dangers de chaque pratique (abandon de soins, perte de chance, dérive sectaire…). Que ce soit sur leur dimension théorique et donc leur crédibilité, et surtout leur dimension empirique, l’ouvrage livre une synthèse de l’état actuel des connaissances scientifiques des différentes MAC.

Les rayons de librairies font trop souvent la promotion de MAC séduisantes mais reposant généralement sur des croyances infondées, contribuant ainsi à leur popularité auprès du grand public. Le juste équilibre entre rigueur de l’investigation et clarté de la vulgarisation font de ce livre un indispensable, d’utilité publique, qui mérite d’être mis en avant pour apporter un éclairage scientifique au public en carence d’information de qualité sur ce sujet.