Accueil / Notes de lecture / 25 idées reçues sur les addictions

25 idées reçues sur les addictions

Publié en ligne le 20 novembre 2018
25 idées reçues sur les addictions
Comprendre, soigner, prévenir

Laurent Karila
Le Cavalier Bleu, 2017 (2è éd. revue et augmentée), 184 pages, 20 €

L’auteur, comme son préfacier William Lowenstein, est un spécialiste réputé des addictions. Il enseigne à l’université Paris-Sud et fait des recherches et des thérapies cognitivo-comportementales à l’hôpital Paul Brousse. Sa perspective est celle de la psychiatrie et de la psychologie scientifiques.

Le terme « addiction » (du latin juridique addicere, mettre quelqu’un à la disposition d’un autre parce qu’il ne peut rembourser ses dettes) désigne un processus complexe par lequel un comportement produit rapidement du plaisir ou soulage du déplaisir. Il se caractérise par sa fréquente répétition, en dépit de conséquences néfastes différées. Le plus souvent, l’intensité et la fréquence de ce comportement augmentent progressivement. Ce processus ne s’observe pas seulement dans le cas de l’alcool et autres drogues, mais aussi pour d’autres substances comme le sucre, et des comportements comme les jeux d’argent, l’activité sexuelle (hypersexualité), le travail (workaholism), l’usage d’Internet et du smartphone, le jogging, le bronzage, les achats compulsifs, etc.

L’auteur met l’accent sur le tabac et l’alcool, les deux causes de mortalité évitables les plus fréquentes et les substances les plus nocives en termes de santé publique. Il insiste sur le fait qu’il y a des addictions plus nuisibles que d’autres, mais que toutes ont des effets négatifs pour la personne dépendante ou son entourage. Il met en garde contre une série d’idées reçues. Par exemple, le cannabis (la substance psychoactive la plus consommée après le tabac et l’alcool) est plus nocif pour les poumons que le tabac. Son usage aigu peut provoquer un trouble délirant, réversible mais laissant des altérations subtiles. La chicha (ou narguilé), dont l’usage se développe en Occident, est plus toxique et cancérigène que le tabac.

L’imagerie cérébrale (IRM) montre que la plupart des addictions finissent par altérer des circuits cérébraux, raison pour laquelle l’auteur parle d’une authentique maladie. À partir d’un certain degré de dépendance, la volonté ne suffit plus pour retrouver la liberté de ne pas consommer. Il est parfois nécessaire d’utiliser des médicaments (substituts aux opiacés, antidépresseurs) et d’hospitaliser. À noter que l’hospitalisation n’est cependant pas suffisante : ce n’est qu’un tremplin pour changer de vie. Actuellement, ce sont les thérapies cognitives et comportementales qui ont les meilleurs résultats pour ces troubles le plus souvent très difficiles à éliminer.

L’ouvrage, fort bien documenté et parfaitement lisible, s’adresse au grand public.